Amy Lockhart se taille une place dans le monde avec un couteau X-Acto, une pile de cartons et un pinceau. 

Inventeure aux mille ressources, elle pratique en maître l’art de la construction en carton. Ses narrations à saveur fantastique se trouvent aussi bien dans des films aux personnages réels, des bandes vidéo, des films d’animation «stop-motion» que dans des peintures, des petits livres, et toute une gamme de babioles faites à la main. Par l’intermédiaire de ces médiums, elle fabrique avec soin un ensemble de personnages bruyants, charmants et grotesques qui nous entraînent dans leur monde imaginaire où le papier est roi, et où la reine du jour est une mère célibataire un peu kitsch et insouciante nommée Miss Edmonton Teenburger (2002). Très attendue, son exposition solo Give up the Ghost, qui se tiendra à La Centrale, réunit les disciplines préférées de Lockhart – la peinture, l’animation et la sculpture – dans une installation immersive. Travaillant principalement le carton, Lockhart transforme la galerie à l’aide de ses reproductions faites à la main d’articles fabriqués en série (ordinateur portable, réfrigérateur, poubelle), d’accessoires tirés de ses propres films (la pipe, le couteau et le piège de Tell Mumsy I Love Her (2006)), et de scènes grandeur nature tirées à la fois de sa vie quotidienne et d’un univers parallèle absurde. Ceci comprend la reconstitution d’un décor pour caméra portative que Lockhart a utilisé dans cinq lieux différents pour réaliser son film The Collagist, une animation en carton découpé réalisée en collaboration avec l’artiste Marc Bell. La projection dans une installation/interprétation débridée d’un atelier d’artiste, entièrement fait de carton, constitue la première mondiale de The Collagist. Très influencée par l’«outsider art», la TV communautaire, les sites web à potins, et par ‘The Hairy Who’, un collectif d’art des années 60, l’approche et la pratique de Lockhart incarnent toutes deux la philosophie de la production «do-it-yourself» (fais-le-toi-même). Ainsi, l’approche « fait main » est présente, parfois de manière littérale, dans chaque œuvre. Souvent coiffée des chapeaux de réalisatrice, scénariste, illustratrice, de même que conceptrice des costumes, de la bande-son et du décor, elle produit à elle seule des projets ambitieux à partir de son petit studio-maison. Au moyen d’un décor construit uniquement avec du papier, de la colle blanche et de l’huile de coude, Amy Lockhart met en scène des histoires simples qui s’appuient sur le familier mais qui débouchent sur l’extraordinaire.

Amy Lockhart est une artiste, cinéaste et réalisatrice de films d’animation qui travaille présentement à Montréal. Ses films, dont certains ont obtenu des prix, ont été diffusés à l’internationale. Lockhart a étudié au Nova Scotia College of Art and Design, et a été artiste-en-résidence à la Quickdraw Animation Society (Calgary), la Struts Gallery (Sackville, NB), The School of the Art Institute of Chicago, et The California Institute of the Arts. Son travail jouit d’une reconnaissance internationale et fait partie de collections tant publiques que privées. Ses films sont montrés lors de festivals aux quatre coins du monde. Lockhart est boursière de l’Office national du film du Canada, et a bénéficié du soutien du Conseil des arts du Canada.